Pourquoi la production porcine française accuse une baisse régulière alors que la
consommation mondiale augmente et que nos principaux compétiteurs européens
progressent eux aussi malgré le tassement de leur consommation
intérieure ?
Trois grands groupes de pays constituent l’essentiel de
l’activité porcine mondiale, à la fois producteurs et consommateurs :
Le groupe asiatique, au premier rang duquel figure la Chine,
de très loin premier producteur mondial (la moitié de la production environ) et
premier consommateur. La Chine accuse cependant un déficit constant de sa
balance porcine et importe de grandes quantités de viande porcine, d’Europe ou
d’Amérique . Elle est suivie de loin par des pays essentiellement consommateurs,
donc importateurs, le Japon, la Corée du Sud, le Viet-Nam, Hong-Kong, etc…
L’Europe, et plus particulièrement l’UE28, à la fois
consommatrice et productrice, est le second producteur et le premier
exportateur mondial, à destination surtout de l’Asie.
Elle est sur ce point en compétition ouverte avec le
troisième groupe, l’Alena, et surtout les USA et le Canada.
D’autres pays émergent et peuvent devenir à terme des
compétiteurs dynamiques et dangereux : l’Ukraine et la Russie , qui
disposent d’un fort potentiel céréalier et de protéagineux, l’alimentation de
base du porc industriel, d’équipements de plus en plus modernes installés en
collaboration avec les grands opérateurs américains, brésiliens et allemands,
d’une main d’œuvre bon marché et de contraintes environnementales allégées. Il
en est de même du groupe sud-américain, emmené par le Brésil, avec l’Argentine
et le Chili.
Tous ces nouveaux opérateurs rêvent d’attaquer le marché chinois quand ils auront saturé
leur marché intérieur, et même avant. La Chine ne peut en effet accroitre fortement
sa production, faute de productions vivrières suffisantes, en compétition aussi
avec l’alimentation humaine.
La caractéristique commune
de ces nouveaux intervenants est de produire sur des méga-installations,
très intégrées, directement liées aux productions locales vivrières
céréales-protéagineux, et donc particulièrement compétitives.
Remarquons par ailleurs que si l’UE 28 est toujours le premier exportateur
mondial, c’est surtout grâce au dynamisme des producteurs espagnols, allemands
et danois, et plus récemment polonais.
La France, troisième pays producteur de l’UE après
l’Allemagne et l’Espagne ne participe que très marginalement à cette activité
de grand export et se fait même sévèrement
concurrencer sur son marché intérieur par ses voisins, d’où un déficit de sa balance commerciale porcine
d’environ 300 millions d’euros en 2017.
En misant depuis trop longtemps et uniquement sur la
production de porcs standards élevés en batteries hors-sol, avec d’hypothétiques
gains de productivité inaccessibles du fait des diverses contraintes sociales
et environnementales, de la petite taille des exploitations et de leur
faiblesse financière, en écartant toute
réelle montée en gamme qui pourrait être mieux adaptée à la structure
familiale majoritaire dans les élevages
français, en écoutant pas l’évolution de la demande des consommateurs ( naturel,
local, filière courte, traçabilité, typicité, bien-être animal, etc… ) souvent
relayée par les distributeurs et les transformateurs, l’élevage porcin français
a perdu pied.