Depuis le début de l’année 2018, la cotation du marché au
cadran de Plérin n’a pas dépassé 1,30 € avec une moyenne cumulée sur 36 semaines de 1,20 € contre 1,436 € en 2017 et 1,274 € en
2016.
Rappelons que les spécialistes (l’IFIP entre autres) évaluent
à environ 1,35 € le coût de production moyen du kg/carcasse en France, et ce
avant l’augmentation récente du coût de l’aliment que l’on constate depuis
quelques semaines. Même en intégrant les primes au classement, le compte n’y
est pas pour la majorité des éleveurs.
Plus grave encore, jusqu’à présent les variations des cours de Plérin suivaient grosso-modo celles des cotations allemandes et espagnoles,
les deux plus importants compétiteurs de l’élevage français. Or cette année, un
décrochage persistant du cours français a été constaté, de l’ordre de 4 à 6 ct
le kg/carcasse. Cela n’a pour autant pas fait diminuer les importations de
viandes, surtout en provenance d’Espagne.
En absence d’explications rationnelles de la part des
dirigeants de la filière et des pouvoirs
publics, préalable à toute mesure de sauvegarde, la colère monte depuis la fin du mois d’août.
Les Bonnets Roses manifestent au cadran de Plérin, essayant de faire pression
sur les acheteurs pour au moins éviter une nouvelle baisse des cours, s’attaquant
à la COOPERL ARC ATANTIQUE, la plus grosse coopérative du
secteur (qui représente 25% de la production porcine française et intervient à
tous les échelons de la filière), lui reprochant d’acheter 4 centimes en
dessous du cours du cadran, s’en prenant aux autres grandes coopératives qui ne
bougent pas une oreille dans la crainte de se fâcher avec leurs clients
habituels, et enfin au fonctionnement du marché de Plérin lui-même qui est loin
de protéger les éleveurs, ce qui est sa raison d’exister.
Il est fort probable, dans ce contexte, que les dispositions
arrêtées par le gouvernement dans la loi agriculture et alimentation pour
rééquilibrer le pouvoir de négociation des agriculteurs face à la distribution
ne restent qu’au niveau des intentions.
L’augmentation régulière de la production espagnole, l’émergence
de la production polonaise et la zizanie dans la production bretonne ne peuvent
que contribuer à aggraver cette crise débutante.