Il est
cependant très difficile de se lancer
dans une description exhaustive de ce secteur, tant il est divers et protéiforme.
Dans toutes
les régions des éleveurs, adeptes très souvent de l’agriculture paysanne de
proximité, se sont lancés dans l’élevage porcin, soit à titre principal, assez
rarement, soit en complément d’autres activités, de culture ou d’élevage.
La plupart
pratiquent la vente directe, avec transformation dite « à la ferme »,
assez souvent dans des ateliers collectifs. La commercialisation s’effectue à
la ferme, sur des marchés, au travers de magasins collectifs, plus rarement par
internet, car cela nécessite
obligatoirement de disposer d’un atelier labélisé CE.
Les
pratiques, et donc les produits, sont très variables : bio ou pas bio, naisseur-engraisseur
ou engraisseur seul, porcs de races locales à croissance lente ou porcs « industriels »,
plein air extensif ou bâtiments plus ou moins ouverts, sur paille ou sur
caillebotis, etc…
La qualité
de transformation et la confiance que le consommateur acheteur direct manifeste
à l’éleveur valent souvent tous les labels mais peuvent aussi masquer des
tromperies…
L’intérêt majeur pour l’éleveur est de récupérer la totalité
de la valeur ajoutée : un cochon vendu au prix du marché (mettons 1,30
€/kg carcasse) au charcutier ou à l’abattoir de l’endroit lui rapportera
environ 120 euros. Or il n’est pas rare
de valoriser un animal transformé « à la ferme » à environ 1 000
euros, avec des pointes pour du haut de gamme jusqu’à 1 500 €.
Cela mérite donc sérieuse réflexion….
Car en fait, tout n’est pas facile et, pour un certain nombre
de réussite, nombreux sont ceux qui s’y
sont perdu.
En effet, il faut arriver à maîtriser plusieurs métiers :
Optionnels
-
Cultivateur
(pour l’aliment, qui peut cependant être totalement ou partiellement sourcé auprès
d’un minotier)
-
Naisseur,
métier très technique, qui peut être remplacé par l’achat de porcelets, ce qui
limite souvent l’activité à des porcs standards (Large White ou équivalent), l’offre
de porcelets en races locales étant souvent très aléatoire.
Obligatoire
-
Eleveur
engraisseur
-
Boucher
découpeur (qui peut être réglé par l’abattoir)
-
Transformateur
(là ou se passe l’essentiel de la valeur ajoutée)
-
Commerçant,
quelle qu’en soit la forme.
Ce qui se
traduit aussi par un emploi du temps à rallonge et une nécessaire répartition
du travail, souvent déjà au sein d’un couple, parfois au sein d’organisations
de type GAEC.
Plusieurs
difficultés freinent en outre le développement
de ces pratiques :
-
L’accès
au foncier, qui est un problème essentiel, même en zone rurale en voie de
désertification avancée, et même concernant l’usage de fonciers délaissés, prairies,
friches, forêts, qui peuvent servir de parcours pour des élevages extensifs qui
pourraient être ainsi réhabilités. Pour des raisons multiples, sur lesquelles
nous aurons l’occasion de revenir lors d’un prochain article de blog, les
propriétaires fonciers ont fortement tendance à bloquer toute initiative,
espérant sans doute que leur terrain sera un jour constructible….
-
L’appui
technique. Il y a belle lurette que les chambres d’agricultures et les organisations
agricoles ne financent plus de technicien porcin (sauf peut-être en Bretagne…),
et que les lycées agricoles ne s’intéressent plus à l’élevage porcin extensif de plein air. Seuls les organisations
d’éleveurs conventionnels et les industriels de l’aliment sont présents, uniquement
auprès des éleveurs conventionnels. Les éleveurs atypiques sont donc très
souvent livrés à eux même.
-
L’appui
financier. Les commissions d’installation et les banques sont généralement très
réservées sur des projets de ce genre.
Ajoutons à
cela le fait que très souvent ceux qui portent ces activités sont des
néo-ruraux, souvent d’un bon niveau de formation mais pas nécessairement en
agriculture ni en charcuterie et nous aurons une idée des difficultés qui se
dressent devant le développement de cette activité.
La diversité
des pratiques, l’individualisme, l’isolement géographique ne poussent pas à la
promotion collective de cette activité, ni à sa reconnaissance.
Pourtant l’accueil
du consommateur est presque toujours au rendez-vous et nombre de ces
producteurs n’arrivent pas à satisfaire la demande.
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