La cotation au marché du porc de Plérin ce jeudi affichait
1,093€ (kg/carcasse TMP 56), soit un prix moyen payé à l’éleveur de l’ordre de
1,25€. Le poids moyen a baissé de 400 grammes (95,6 contre 96 la semaine
dernière), ce qui traduit une petite baisse de l’engorgement des élevages, mais
quand même d’un poids supérieur à presque 1,5 kg par rapport à l’année dernière
(94,2). L’abondante offre espagnole, à un prix plus compétitif, ne laisse pas
augurer une remontée rapide du marché et dans tous les cas le retour au seuil
de 1,40 € payé à l’éleveur qui constitue le minimum de survie de nombreux
élevages.
On ne comprend pas très bien pourquoi les opérateurs
français n’ont presque pas recours au stockage privé, aidé par les aides
européennes, largement utilisé par l’Allemagne et l’Espagne et qui a pour objet
de désengorger le marché. Il est vrai que de telles mesures ne sont que
conjoncturelles mais dans une telle situation…
Quoiqu’il en soit, les revendications des éleveurs
(augmentation des cours et mise en avant du porc français), en admettant même
qu’elles puissent être exhaussées, ne changeront pas grand-chose à la question
de fonds : l’inadaptation grandissante de la filière porcine française,
essentiellement bretonne, tant au niveau de l’élevage qu’à celui de l’abattage
de la transformation.
Faute d’anticipation on se trouve dans une situation
similaire à celle de la sidérurgie en Lorraine il y a vingt ans : des
dizaines de milliers d’emplois très menacés, avec la différence que des
milliers d’éleveurs cumuleront à la perte d’activité un endettement important,
souvent de plusieurs centaines de milliers d’euros.
Depuis les tonitruantes déclarations du ministre cet été,
« le cours minimum de 1,40 € », et la mise en place d’aides diverses
conjoncturelles, aucune stratégie n’a émergé, ni du ministère, ni des
organisations professionnelles, ni des industriels, ni même des distributeurs,
ces derniers ayant pourtant paru un peu plus réactifs.
Des aides directes à l’exploitation, si elles peuvent
soulager temporairement les éleveurs les plus désespérés, ne résolveront pas le
problème et il faudra de toute façon financer massivement la reconversion des
éleveurs et des salariés de la filière, (en plus de ceux des filières laitières
et bovin-viande…).
En plus des milieux politiques et professionnels concernés,
il est vraiment très curieux qu’aucun média, à l’exception peut-être de Ouest
France ou du Télégramme de Brest, ne traite le sujet autrement que par la
relation anecdotique de manifestations pour l’instant encore de violence
contenue mais qui ne peuvent que dégénérer en absence de réponse énergiques et
crédibles.
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