jeudi 18 avril 2013

Pourquoi ce blog ?


La filière porcine française se porte mal.

En amont, l'élevage est aux prises avec de nombreuses difficultés, structurelles autant que conjoncturelles: l'augmentation du coût de l'aliment porcin, la pression sur le prix du porc imputable autant à la grande distribution qu'à la concurrence extérieure de plus en plus vive, les questions environnementales trop longtemps niées, cachent mal une sclérose de l'ensemble du monde de l'élevage conventionnel, obnubilé par la productivité à tous crins sur fond d'absence de rentabilité, contradictoire avec le maintient d'exploitations de type familial, et en panne d'une véritable réflexion stratégique portant sur son avenir: quels cochons produire demain, pour quels types de marchés, pour quels consommateurs, par quels canaux de transformation et de distribution?

Au milieu, les industriels de l'abattage, de la découpe et de la transformation charcutière et salaisonniére se sont pour la plupart fortement spécialisés pour fournir à la grande distribution des produits standards à moindre valeur ajoutée. Nombreux sont ceux qui ont vu leur marge fondre ces dernières années et sont condamnés ou à disparaître ou à changer de stratégie industrielle et commerciale.

En aval, la boucherie et la charcuterie artisanale est en recul permanent face à la grande distribution, coincées entre une volonté de garder une typicité et une authenticité de production et la nécessité de servir une clientèle de plus en plus habituée à une offre large et diversifiée. La grande distribution elle même, qui fait du moindre prix son principal argument de vente, contribue ainsi à la désastreuse banalisation des produits porcins français.

En fait, l'ensemble de la filière souffre de médiocrité et, sauf quelques rares exceptions, d'une banalité affligeante des produits offerts, à commencer par la matière première, le cochon.

Les consommateurs "amateurs éclairés", il en existe encore et ce sont eux qui servent souvent de leader d'opinion, ne trouvent plus que rarement des produits de qualité qu'ils pourraient être fiers de faire découvrir à leurs amis.

Et bien, messieurs et mesdames les professionnels de la filière, chers cuisiniers, restaurateurs et artisans, chers consommateurs amateurs-éclairés, l'avenir de la filière ne peut être assuré que par la montée en gamme, aux produits issus des terroirs régionaux, typiques, de haute qualité gustative autant qu'environnementale, issu d'une agriculture et d'élevages durables et diversifiés, vendus à leur juste prix à une clientèle avertie qui pourra les trouver autant dans les réseaux de distribution actuels que par d'autres à inventer et présenteront en outre une bonne valeur à l'exportation.

"Montée en gamme", "typicité", "durabilité", "haute qualité", qu'est ce que cela veut dire ?

C'est à vous, à moi, d'en débattre sur ce blog qui vous est ouvert.

Antoine Marzio