lundi 24 septembre 2018

Malencontreuse zizanie dans la filière porcine.



 Dans un article de blog daté de juillet  je soulignais la forte probabilité d’une nouvelle crise porcine à l’automne. Hélas, elle est arrivée.

Depuis le début de l’année 2018, la cotation du marché au cadran de Plérin n’a pas dépassé 1,30 € avec une moyenne cumulée  sur 36 semaines  de 1,20 € contre 1,436 € en 2017 et 1,274 € en 2016.

Rappelons que les spécialistes (l’IFIP entre autres) évaluent à environ 1,35 € le coût de production moyen du kg/carcasse en France, et ce avant l’augmentation récente du coût de l’aliment que l’on constate depuis quelques semaines. Même en intégrant les primes au classement, le compte n’y est pas pour la majorité des éleveurs.

Plus grave encore, jusqu’à présent les variations des  cours de Plérin suivaient grosso-modo  celles des cotations allemandes et espagnoles, les deux plus importants compétiteurs de l’élevage français. Or cette année, un décrochage persistant du cours français a été constaté, de l’ordre de 4 à 6 ct le kg/carcasse. Cela n’a pour autant pas fait diminuer les importations de viandes, surtout en provenance d’Espagne.

En absence d’explications rationnelles de la part des dirigeants de la filière  et des pouvoirs publics, préalable à toute mesure de sauvegarde,  la colère monte depuis la fin du mois d’août. Les Bonnets Roses manifestent au cadran de Plérin, essayant de faire pression sur les acheteurs pour au moins éviter une nouvelle baisse des cours, s’attaquant à la COOPERL  ARC  ATANTIQUE, la plus grosse coopérative du secteur (qui représente 25% de la production porcine française et intervient à tous les échelons de la filière), lui reprochant d’acheter 4 centimes en dessous du cours du cadran, s’en prenant aux autres grandes coopératives qui ne bougent pas une oreille dans la crainte de se fâcher avec leurs clients habituels, et enfin au fonctionnement du marché de Plérin lui-même qui est loin de protéger les éleveurs, ce qui est sa raison d’exister.

Il est fort probable, dans ce contexte, que les dispositions arrêtées par le gouvernement dans la loi agriculture et alimentation pour rééquilibrer le pouvoir de négociation des agriculteurs face à la distribution ne restent qu’au niveau des intentions.

L’augmentation régulière de la production espagnole, l’émergence de la production polonaise et la zizanie dans la production bretonne ne peuvent que contribuer à aggraver cette crise débutante.