vendredi 4 avril 2014

La recette du Professeur Dufumier : des porcs en Beauce et des céréales en Bretagne.

Dans son livre paru en 2012, « Famine au Sud et Malbouffe au Nord », Marc Dufumier, Ingénieur agronome, professeur émérite en agriculture comparée à l’Agro Paristech et expert de réputation mondiale en matière de ressources alimentaires, propose de redistribuer aussi bien la production porcine (et les autres activités d’élevage) que celle de céréales entre régions, au lieu et place d’une hyperspécialisation, les unes dans l’élevage, les autres dans les grandes cultures.
Concernant la Beauce, ou encore la Brie ou la Picardie, grenier à blés français, il pose cette question : « Combien de temps ces régions pourront-elles encore maintenir ce déséquilibre écologique qui empêche la fertilisation organique des sols-et donc impose l’usage massif d’engrais de synthèse-, qui voit les nuisibles se multiplier-comme ces pucerons qui prolifèrent depuis que les coccinelles ont été éradiquées- ,qui a supprimé toutes les prairies temporaires et cultures de légumineuses fourragères- ce qui oblige à importer massivement du soja transgénique américain ou brésilien ? Bref, un déséquilibre qui, chaque jour, augmente les coûts de production. »
Et de continuer :
« A l’inverse, la Bretagne ne pourra tenir éternellement sans produire à nouveau des céréales afin que les animaux puissent reposer tranquillement sur des litières : ainsi pourra-t-elle produire de nouveau du fumier et fertiliser naturellement ses sols… sans polluer les nappes phréatiques. »
Pour finir
« Et les producteurs du Béarn, n’auraient- ils pas intérêt à mettre fin à leur monoculture (de maïs) en cultivant, par exemple, des variétés locales de haricots sous ombrage de leur maïs en plein champ comme le font déjà certains agriculteurs pour leur consommation personnelle (de cassoulet, bien sûr…) ? »
Elargissons le propos : l’élevage porcin n’est pas uniquement réservé à la Bretagne comme la culture céréalière à la Beauce ou à la Brie. Pourquoi ne pas réoccuper de larges espaces ruraux de plus en plus abandonnés, dans le Massif Central, le Grand Nord-Est et le Grand Sud-Est (liste non exhaustive mais cela fait déjà de l’espace…) à des activités mixtes : des porcs en engraissement extensif sur des prairies artificielles semées de méteils, alliant céréales et protéagineux. Le rendement ne se calculerait pas en fonction du cours des céréales sur le marché de Chicago ou celui du porc sur le MPB, mais par le prix que le consommateur accepterait de payer pour un produit de qualité qu’il pourrait voir gambader dans les champs…..
Sans doute un rêve….