vendredi 22 janvier 2016

Les bonnets roses tournent au rouge vif et tout le monde s’en fout….


 
Comme il était prévisible depuis déjà quelques mois, la situation catastrophique du marché du porc conduit plusieurs milliers d’éleveurs à manifester sur les routes et dans les villes avant de mettre probablement la clé sous la porte.

La cotation au marché du porc de Plérin ce jeudi affichait 1,093€ (kg/carcasse TMP 56), soit un prix moyen payé à l’éleveur de l’ordre de 1,25€. Le poids moyen a baissé de 400 grammes (95,6 contre 96 la semaine dernière), ce qui traduit une petite baisse de l’engorgement des élevages, mais quand même d’un poids supérieur à presque 1,5 kg par rapport à l’année dernière (94,2). L’abondante offre espagnole, à un prix plus compétitif, ne laisse pas augurer une remontée rapide du marché et dans tous les cas le retour au seuil de 1,40 € payé à l’éleveur qui constitue le minimum de survie de nombreux élevages.

On ne comprend pas très bien pourquoi les opérateurs français n’ont presque pas recours au stockage privé, aidé par les aides européennes, largement utilisé par l’Allemagne et l’Espagne et qui a pour objet de désengorger le marché. Il est vrai que de telles mesures ne sont que conjoncturelles mais dans une telle situation…

Quoiqu’il en soit, les revendications des éleveurs (augmentation des cours et mise en avant du porc français), en admettant même qu’elles puissent être exhaussées, ne changeront pas grand-chose à la question de fonds : l’inadaptation grandissante de la filière porcine française, essentiellement bretonne, tant au niveau de l’élevage qu’à celui de l’abattage de la transformation.

Faute d’anticipation on se trouve dans une situation similaire à celle de la sidérurgie en Lorraine il y a vingt ans : des dizaines de milliers d’emplois très menacés, avec la différence que des milliers d’éleveurs cumuleront à la perte d’activité un endettement important, souvent de plusieurs centaines de milliers d’euros.

Depuis les tonitruantes déclarations du ministre cet été, « le cours minimum de 1,40 € », et la mise en place d’aides diverses conjoncturelles, aucune stratégie n’a émergé, ni du ministère, ni des organisations professionnelles, ni des industriels, ni même des distributeurs, ces derniers ayant pourtant paru un peu plus réactifs.

Des aides directes à l’exploitation, si elles peuvent soulager temporairement les éleveurs les plus désespérés, ne résolveront pas le problème et il faudra de toute façon financer massivement la reconversion des éleveurs et des salariés de la filière, (en plus de ceux des filières laitières et bovin-viande…).

En plus des milieux politiques et professionnels concernés, il est vraiment très curieux qu’aucun média, à l’exception peut-être de Ouest France ou du Télégramme de Brest, ne traite le sujet autrement que par la relation anecdotique de manifestations pour l’instant encore de violence contenue mais qui ne peuvent que dégénérer en absence de réponse énergiques et crédibles.

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